La guerre en Ukraine, et nous, les expats ...
Encore une fois…
Le pire du passé revient en Europe. Les sirènes des alarmes, l’éclair des déflagrations, l’horreur des images des victimes. Les convois de réfugiés sur les routes…
Tant d’entre nous ont retrouvé dans ces images les récits familiaux d’un temps qu’on voulait croire révolu…
Notre pensée ne quitte pas les victimes et leur famille.
Ainsi que toutes celles et ceux parmi nous qui ont dû quitter précipitamment leur foyer pour fuir, où qu’ils se trouvent.
Nos cœurs à tous sont serrés d’inquiétude et de tristesse. Mais ici, c’est de l’impact sur nous tous les expatriés que je voudrais parler.
Car au moment d’écrire ces lignes, c’est le même effroi qui m’étreint qu’au moment d’écrire sur le début du Covid, sur le dernier rapport du Giec, sur l’incendie de Notre-Dame. Ce sentiment qu’une page est arrachée.
Qu’un mur de protection est tombé. A nouveau, une sensation de sidération et d’impuissance trop souvent ressentie ces dernières années. Avec en plus cette fois-ci, la conscience que nous ne sommes plus tous dans le même bateau entre ceux qui vivent loin du drame, ceux qui peuvent rentrer chez eux et ceux dont le chez eux est là-même, sous les bombes. Et néanmoins un identique besoin d’appartenance, de partager…
Et pour en parler aujourd’hui, ma communauté, c’est vous, les expatriés.
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Car au fil de ces événements, c’est l’essence même de notre vie d’expatriés qui est en jeu
Amis expatriés, avec vous, nous aimons parler fêtes, voyages et vacances. Nous célébrons les joies et les passions de nos vies expatriées. Mais nous sommes des expats complets, avec le rire et les larmes. Nous sommes, un peu malgré nous, des témoins de premier rang de nombre de conflits dans le monde. Et c’est cela qui fait que nous savons savourer intensément les moments pétillants car connaissons le poids des séparations et de l’inquiétude. Or aujourd’hui, le son du canon dans Kiev nous force à constater la fragilité de notre mode de vie.
Comme le couperet du diagnostic d’une maladie dont on sentait bien qu’elle nous gagnait, le verdict est là. La guerre revient à nos portes. Vous savez combien j’aime discerner en toute chose le positif. C’est encore un trait d’expat… Mais ne nous voilons pas la face. Cette tempête arrive portée par une cohorte d’autres nuages noirs plus à l’Est et au Sud, avec des idéologies de plus en plus puissantes qui refusent des fondements de notre civilisation : la démocratie, la liberté d’aller et venir, et plus encore que le respect, le goût de la différence.
Ces valeurs font partie du socle de notre culture occidentale.
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Mais pour nous expatriés, elles constituent l’essence même de notre vie
Or il faut se rendre à l’évidence, des forces de plus en plus puissantes les menacent.
Et, pardon, je continue, même s’il est mal vu chez les expatriés de regarder le verre vide – nous le remplirons vite ensuite ensemble… Ces tensions géopolitiques qui menacent nos valeurs arrivent à la suite du Covid qui a révélé la fragilité de notre mode de vie à cheval sur plusieurs pays. Et si le ciel s’est partiellement rouvert, nous savons tous qu’une autre menace plane sur nos trajets : le poids de ses émissions de carbone. Conflits, virus, empreinte carbone… Grand défi d’être un expatrié en 2022. Nous ne pensions pas le thème de notre baromètre Expat Communication si intense. Et nous allons continuer à scruter avec vous ces évolutions tout au long de l’année.
Cependant, pour moi, et peut-être qu’il en est de même pour vous,
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le fait de regarder de front les nuages permet de discerner le ciel qui reste bleu
Nous pouvons ainsi identifier nos marges de manœuvre, nos responsabilités aussi. Oui, notre monde est malade. Néanmoins, la plupart d’entre nous vivent dans des pays en paix. Nous en savons dorénavant mieux la valeur. Sans nous étourdir pour oublier, savourons cette chance que nous avons et profitons-en. Allons plus loin et posons-nous la question : n’avons-nous pas des cartes précieuses en main pour être acteurs de ce changement.
Rappelons ce qui a fait de nous des expatriés :
- Nous réinventer dans un nouveau contexte,
- Recevoir de l’aide puis en donner,
- L’expérience d’autres pays et de nouvelles cultures.
Autant de forces indispensables dans les moments qui viennent pour :
- Clarifier nos valeurs dans un moment où elles sont attaquées,
- Soutenir des sociétés qui n’ont plus l’habitude de ce type de défis et aider les personnes concernées par ces drames,
- Contribuer à répondre à ces enjeux avec la richesse d’une vision internationale.
- Prendre du recul et de la hauteur, tenter de ne pas répondre uniquement avec nos émotions mais avec clairvoyance et sagesse.
Chacun avec ses talents : artiste, organisateur, intendant, visionnaire ou discret. Et avec notre mission propre. Peut-être se faire la voix de l’Ukraine pour celles ou ceux qui y ont vécu et pour qui il est si dur de laisser tant de souffrances derrière eux. Et préserver des ponts avec les Russes pour celles et ceux qui reviennent de Russie et qui souvent y ont laissé une partie de leur cœur.
Sur ces mots un peu lourds, mais indispensables pour vous dire notre soutien et notre écoute, je vous donne rendez-vous mardi prochain pour célébrer les 20 ans de femmexpat avec la semaine des femmexpats.
En l’honneur de toutes les femmexpats, en union avec tous ceux qui sont touchés par la guerre d’Ukraine, dans tous les pays où ils se trouvent.
Alix Carnot, directrice associée Expat Communication.
Expat Communication
Expert de l’interculturel et de l’accompagnement
des talents internationaux depuis 2001.
